Connaissez-vous les collections des musées de Soissons ? Si le musée Saint-Léger couvre des milliers d’années d’Art et d’Histoire, l’Arsenal, lui, accueille l’Art contemporain. De Gustave Courbet à Judit Reigl, voici 5 œuvres à admirer dans la Cité du Vase !
1/ Département des Ocres, peinture n°10, de Gérard Titus-Carmel
Réalisée en 2008, Département des Ocres, peinture n°10 appartient à la série de La Bibliothèque d’Urcée. Celle-ci se compose de 100 tableaux, répartis en 10 départements, chacun mettant à l’honneur une technique picturale.
Les traits, verticaux ou horizontaux, rappellent les dos des livres d’une bibliothèque, comme un écho au travail de Titus-Carmel, à la fois peintre et poète. Le mouvement de la peinture fait alors songer à celui de la main, écrivant des mots sur une page.
Les musées de Soissons ont acheté cette toile en 2010 à l’artiste, après l’exposition qui lui a été consacrée à l’Arsenal. Né en 1942, Gérard Titus-Carmel habite et travaille dans l’Aisne depuis de nombreuses années. Il expose ses œuvres dans le monde entier et est également l’auteur et l’illustrateur d’une quarantaine d’ouvrages.
Gérard Titus-Carmel, La Bibliothèque d’Urcée, département des ocres n° 10, 2008, acrylique sur toile, Soissons, musée municipal, inv. 2010.3.1 : © musée municipal de Soissons/Michel Nguyen.
2/ Plan reliquaire de Soissons
Réalisé entre 1570 et 1620, ce plan reliquaire provient du trésor de la cathédrale Saint-Gervais et saint-Protais, dont il est le seul élément restant aujourd’hui. Il servait à abriter les reliques de corps saints dans les 8 édifices religieux représentés, dont les églises abbatiales Saint-Léger et Saint-Jean-des-Vignes.
Ce chef d’œuvre d’orfèvrerie est fait de cuivre doré et d’argent, fondus et ciselés. L’ensemble repose sur un socle en bois sculpté, peint en vert foncé. Une figurine de la Vierge surplombait la cité, mais elle a disparu au cours des années 1960.
La maquette est mentionnée pour la première fois à la fin du XVIIe siècle dans un inventaire. Elle échappe ensuite à la Révolution française. Présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1867, elle est finalement restituée à la ville de Soissons.
Plan reliquaire de la ville de Soissons, entre 1570 et 1620, cuivre, argent, socle en bois, Soissons, musée municipal : © musée municipal de Soissons/Michel Minetto
3/ Dissolution ? Incorporéité ?, de Judit Reigl
Dans cette huile sur toile, Judit Reigl interroge les frontières entre figuration et abstraction. Les formes des corps humains sont estompées, leur donnant l’allure de spectres. Cette impression est renforcée par ces longs traits blancs verticaux, qui semblent les dissimuler.
Ces personnages, sont-ils en train d’apparaître, ou de disparaître ? Leurs mouvements, suspendus, laissent la question sans réponse. La toile exprime l’angoisse de l’artiste hongroise face à la question de la dissolution de la vie.
Arrivée en France en 1950, Judit Reigl (1923-2020) s’est d’abord rapprochée des Surréalistes. Elle a ensuite exploré l’abstraction, notamment à travers sa série Guano. Elle achève Dissolution ? Incorporéité ? en 1994.
Judit Reigl, Dissolution ? Incorporéité ?, 1994, huile sur toile, Soissons, musée municipal, inv. 2009.1.1 : © musée municipal de Soissons/Michel Minetto
4/ Paysage, de Gustave Courbet
Chef de file du mouvement réaliste, Gustave Courbet a peint plus d’un millier de tableaux, dont la plupart sont des paysages. Avec cette huile sur toile de 1873, il met une nouvelle fois la Nature à l’honneur.
Ici, il peint un paysage verdoyant, au ciel bleu ponctué de nuages. Des rochers, sur la gauche du tableau, forment une masse sombre, qui déséquilibre la composition. Au centre de la toile, un unique arbre capte le regard du spectateur, atténuant cet effet bancal.
Si vous vous approchez de Paysage, vous verrez la manière dont Courbet a travaillé la matière. Presque à la manière d’un artisan, il utilisait un couteau pour appliquer une peinture épaisse, propre à traduire les textures qu’il souhaitait représenter.
Gustave Courbet, Paysage, 1873, huile sur toile, Soissons, musée municipal, inv. 93.7.2520 : © musée municipal de Soissons
5/ Abel, de Louis-Auguste Hiolin
Dans l’Ancien Testament, Abel est le tout premier humain à mourir, tué par son frère, Caïn. Berger, il consacrait à Dieu le second des premiers-nés de son troupeau.
C’est ce geste qu’immortalise ici Louis-Auguste Hiolin avec ce plâtre de 1872. Il représente ainsi le jeune homme les bras levés, tendant un agneau vers le ciel. Exposée plus tard à l’Hôtel de Ville, cette statue a fait l’objet d’une restauration en 2018.
Né en 1846 à Septmont, Louis-Auguste Hiolin a également réalisé les sculptures du Monument de la Défense nationale et du Monument aux Morts de 1870, installées place de la République à Soissons.
Louis Auguste Hiolin, Abel, plâtre, Soissons, musée municipal, inv. 93.7.2783 : © musée municipal de Soissons
Les collections des musées de Soissons sont aussi riches que diversifiées. De passage dans la ville, prenez un moment pour aller les admirer en vrai ! Et si vous en profitiez pour découvrir un autre trésor local ? Revivez la restauration exceptionnelle de la rosace de la cathédrale, avec notre article consacré à La Rose et la Tempête.